Wiki Guy de Rambaud
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                                         Château de Valençay

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FDC : Talleyrand et le château de Valençay.

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A la recherche du château médiéval de Valençay.

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Vue du château, par Roger de Gaignières, 1705. Paris, Bibliothèque Nationale de France, département des Estampes.

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Un splendide bureau Mazarin du début du XVIIIe, avec marqueterie d’écaille rouge de tortue et marqueterie de cuivre, est attribué à André-Charles Boulle.

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FDC : le château de Valençay.

Le château de Valençay se trouve dans la ville éponyme dans le Bas-Berry, dans le Boischaut nord,au nord de l'Indre et à proximité de la vallée du Cher. Le château est bâti sur un plateau qui surplombe la vallée du Nahon, et doté d’une architecture renaissance et classique. Il fait partie des grands sites du Val de Loire comme Chenonceau, Chambord, Cheverny.

La villa gallo-romaine de Valenciacus (domaine de Valans) a précédé un premier lourd et massif donjon de pierre édifié à la fin du Xe siècle. Valençay relève du comté de Blois[1]. Valençay appartient donc aux Châlon-Tonnerre de 1268 à 1451.

De 1451 à 1747, le château est la propriété de la famille d'Estampes, puis à l'âge classique de différents propriétaires qui lui donnent l'aspect actuel. Finalement elle devient l'ancienne résidence des princes de Talleyrand qui y mette la touche finale.

Bien que situé dans le Bas-Berry, sa construction l'apparente aux châteaux de la Loire et du Cher, en particulier au château de Chambord. Son extérieur donne l'impression qu'il a été construit au XVIe siècle, même s'il ne prend sa forme définitive que dans la seconde moitié du XVIIIe siècle.

L'ancien évêque constitutionnel d'Autun, devenu prince de Talleyrand. De 1808 à décembre 1813, Ferdinand VII d'Espagne, son frère don Carlos, son oncle don Antonio et une suite nombreuse y sont assignés à résidence sous la surveillance du chevalier Berthemy. En 1813, c'est à Valençay par le traité qui porte son nom que Napoléon rend le trône d'Espagne à Ferdinand VII.

Don Carlos y est interné de 1840 à 1845.

Lors de la Seconde Guerre mondiale, le château devient un des dépôts secrets des œuvres du Musée du Louvre.

Le château est entouré d'un magnifique jardin à la française en 1906. Une partie des terres est transformée en un parc animalier. Le parc est inscrit au titre des monuments historiques depuis le 25 mars 1992.

Le château ainsi que divers éléments du domaine sont classés au titre des monuments historiques depuis le 8 mars 2011.

La totalité du pavillon dit de la Garenne et ses dépendances sont inscrits par arrêté du 8 août 2013.

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Parc animalier du château et jardin à la Française[2].

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LE CHÂTEAU AVANT 1451[]

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La terre de Valençay est à une époque fort reculée, d'une étendue immense ; les domaines allant jusque sur les bords de la rivière du Cher[3].

L'origine de la terre de Valençay se perd dans la nuit des temps. La partie la plus ancienne des titres féodaux n'existant plus aujourd'hui, on peut juste la classer parmi les grands fiefs de la couronne démembrés pendant et après le règne de Louis le Débonnaire (814/840)[4].

La villa gallo-romaine de Valenciacus (domaine de Valans) précède un premier lourd et massif donjon de pierre édifié à la fin du Xe siècle ou au début du XIe siècle.

En 1220, Gauthier, dit seigneur de Valençay, passe pour avoir été le constructeur du premier château féodal. En 1268, par son mariage avec Jean, bâtard de Châlon, sa descendante Alice de Bourgogne (1251 - 1290) transmet cette très importante seigneurie, fief du duc d'Orléans, comte de Blois, à la maison de Châlon-Tonnerre.

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Du temps des Gallo-Romains[]

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La répartition des cultes romains dans la cité des Bituriges Cubes (d’après Batardy et al., 2001, p. 90).

La seigneurie de Valençay est le domaine d'un Gallo-Romain du nom de Valens qui semble être à l'origine de cette ville. Valençay doit sDONC on nom au Gallo-Romain Valens qui possède en ce lieu une villa “Valenciacus” (acus en Gaule = domaine)[5].

Du IIIe au Ve siècle, du temps du Bas-Empire romain des ateliers et bâtiments qui abritent entre autres un four, un moulin et un pressoir furent construits autour de cette villa.

Assez souvent, à l'époque franque, la toponymie en donne la preuve, les grands domaines francs prennent les noms gentilice de leurs propriétaires[6]. Dans le Recueil général des chartes intéressant le département de l'Indre, VI-XIe siècles, par E. Hubert, parmi les noms de lieu on peut relever un grand nombre de formations gallo-romaines, telles que Germiniacus, p. 106, ou Valenciacus, p. 107.

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Du xe siècle à 1451[]

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Valençay relève à cette époque du comté de Blois[7].

Bernier prétend, sans apporter de citation à l'appui, que la terre de Valençay est, au bas moyen-âge, possédée par les comtes de Blois. Il regarde cette seigneurie comme un démembrement du comté de Blois, qui fait partie du domaine de la couronne. Valençay relève en effet du comté de Blois, mais je n'ai trouvé nulle part qu'il appartient directement aux comtes de Blois[8].

La terre de Valençay est, à une époque fort reculée, d'une étendue immense. Les domaines qui la composent vont jusque sur les bords de la rivière du Cher[9].

Après le donjon (Xe siècle), en 1220, Gauthier, dit seigneur de Valençay, passe pour avoir été le constructeur du premier château féodal, qui n'est peut-être qu'une maison forte.

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Le donjon (Xe siècle)[]

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Ruines du château de Châtillon. Il ne reste plus rien du donjon de Valençay.

Un premier lourd et massif donjon de pierre est édifié à la fin du xe siècle ou au début du xie siècle. Il ne reste plus rien du donjon de Valençay.

Le premier seigneur de Valençay connu par une charte de donation datable entre 1026 et 1047 faite à Bertrand, son premier seigneur.

Deux cent ans plus tard, en 1220, Gauthier, dit seigneur de Valençay, passe pour avoir été le constructeur du premier château féodal, mais il est difficile de savoir s'il s'agit d'un ajout ou d'un agrandissement du donjon datant de l'an mil.

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Le château féodal et les Donzy[]

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Fractionnée en trois travées par des arcs épais, la voûte médiévale en berceau brisé de la salle basse couvre une surface de 49,50 mètres carrés[10].

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Hervé IV de Donzy (1173 - 1223) premier seigneur de Valençay meurt au château de Saint-Aignan.

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Sceau de Jean IIer de Chalon-Auxerre.

En 1220, Gauthier, dit seigneur de Valençay, passe pour avoir été le constructeur du premier château féodal. Des textes attestent l’existence de la seigneurie de Valençay dès le XIIIe siècle, elle relève alors du comté de Blois. Seule subsiste de cette époque une salle basse médiévale, située sous l’actuelle cour d’Honneur.

Comme Saint-Aignan et Selles en partie, Valençay relève des Donzy, Geoffroy Ier et son fils Hervé Ier de Donzy ayant reçu ces fiefs des comtes de Blois, vers l'an mil. Leur postérité (Hervé IV) accède plus tard aux comtés de Nevers, Auxerre et Tonnerre. Qu'est Gauthier de Valençay par rapport à Hervé IV de Donzy (1173 - 1223) seigneur entre autres de Valençay, un parent ou un chatelain ?

Hervé IV de Donzy (1173 - 1223) est la mari de Mahaut de Courtenay (1188 - 1256), fille de Pierre de Courtenay (1165 - 1219), empereur latin de Constantinople. Le même Hervé IV de Donzy, arrière-grand-père d'Alix de Bourgogne, étant revenu de Damiette, meurt empoisonné en son château de Saint-Aignan, vers la fin de l'année 1221.

Agnès de Donzy hérite de ses propriétés en Berry, dont Valençay de ses parents. Elle est la mère de Yolande de Chastillon (1224 - 1254) Archambaud IX, seigneur de Bourbon et de Dampierre. Ils sont les parents de Mathilde de Bourbon (1234 - 1262). qui épouse en 1248 Eudes de Bourgogne (1231-1266), fils aîné du duc Hugues IV de Bourgogne.

En 1268, Alix de Bourgogne (fille d'Eudes comte de Bourgogne et de Mahaut de Bourbon), dame de Saint-Aignan, Montjoy et Valençay, porte ses biens dans la maison de Châlons Tonnerre, par son mariage avec Jean de Cbâlons, premier du nom, lequel mariage a lieu en 1268. On voit, dans le Père Anselme, MM. de Châlons Tonnerre, descendants directs d'Alix de Bourgogne, porter parmi leurs titres celui de seigneurs de Valençay. Alice de Bourgogne (1251 - 1290) se marie en 1268 à Jean Ier de Chalon (mort en 1309, fils puîné de Jean l'Antique, comte de Chalon et comte-régent de Bourgogne. Valençay appartient donc aux Châlon-Tonnerre de 1268 à 1451.

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Les Châlon-Tonnerre (1268 - 1451)[]

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Éléonore de Savoie assure la régence et frappe alors monnaie à son nom.

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Jean de Châlons Comte de Tonnerre au XIVe.

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En 1410, Charles d'Orléans, le futur poète, fils de Louis d'Orléans, accorde une diminution d'impôts aux manants et habitants de Valençay.

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Jeanne de Chalons, comtesse de Tonnerre.

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Dalle funéraire de Jean, bâtard de Chalon, capitaine de Tonnerre.

La descendante Alice de Bourgogne transmet cette très importante seigneurie en 1268 aux Chalon-Bourgogne, par son mariage avec Jean Ier de Chalon (1243 - 1309], fils du comte régent de Bourgogne Jean l'Antique. Leurs successeurs, ayant hérité de Tonnerre (et perdu Auxerre vers 1370/1371), forment la Maison de Chalon-Tonnerre. Ils ont eu un fils :

Guillaume de Chalon (1270 - 1304), comte d'Auxerre - Seigneur de Saint-Aignan en Berry, Monjay, Valençay, Selles su Cher, RocHhefort sur le Doubs etc, marié le 12 janvier 1292 (samedi) avec Éléonore de Savoie, décédée en 1324. Guillaume de Chalon, comte d'Auxerre, est tué en août 1304 lors de la bataille de Mons-en-Pévèle. Son fils, Jean II de Chalon est alors âgé de seulement 12 ans et sa tante Éléonore de Savoie assure la régence. Elle frappe alors monnaie à son nom. Le 27 juin 1308, lorsqu'elle se marie avec Dreux de Mello, la régence est confiée au grand-père de Jean II, Jean Ier de Chalon.
Jean II de Chalon (1292 - 1362), comte d'Auxerre - Seigneur de Saint-Aignan en Berry, Monjay, Valençay, Selles su Cher, Rocefort sur le Doubs etc. marié avec Alix de Bourgogne-Comté, Dame de Monfleur, Pimorin, Vernantois, Montaigu et Pin, décédée en 1362.

Tonnerre est alors confié par les comtes d'Auxerre à leurs frères ou sœurs.

1335-1360 : Jeanne Ire de Chalon (1300 † 1360), sœur du précédent, veuve de Robert († 1334), fils du duc Robert II de Bourgogne. À sa mort, Jean II récupère le comté de Tonnerre et le donne à son fils Jean III.
1360-1366 : Jean III de Chalon (1318 - 1379), fils de Jean II, comte d'Auxerre et de Tonnerre - Seigneur de Boutavent, Dramelay, Monnet, Montrond etc. Il renonce aux deux comtés en 1366, : marié à Marie Crespin du Bec.
1366-1398 : Louis Ier de Chalon-Tonnerre (1339 - 1398), Comte de Tonnerre, Seigneur de Saint-Aignan en Berry, Valençay, Selles sur Mer, Rochefort sur le Doubs, Châtebelin, Monnet, Montaigu, Orgelet et Valempoulières... marié à Marie de Parthenay, puis à Jeanne de la Baume. Tous ses enfants sont issus du premier mariage.

La seigneurie éminente ou suzeraineté appartient toujours au comte de Blois. Valençay devient donc un fief du duc d'Orléans Louis quand il acquiert le comté de Blois en 1397. En 1410, Charles d'Orléans, le futur poète, fils de Louis d'Orléans, accorde une diminution d'impôts aux manants et habitants de Valençay réduits à la misère par les épidémies, le passage et le logement des troupes.

1398-1422 : Louis II de Chalon-Tonnerre (1380 - 1422), fils du précédent, Comte de Tonnerre, Seigneur de Saint-Aignan en Berry, Valençay, Selles sur Mer, Rochefort sur le Doubs, Châtebelin, Monnet, Montaigu, Orgelet et Valempoulières... marié en 1402 à Marie, fille de Guy de la Trémoille, comte de Guînes. Le plus ancien titre conservé dans le chartrier du château est un acte du 14 juin 1418, par lequel Hugues de Châlons, consent à ce que la donation que lui a faite le comte de Tonnerre, son frère, de la châtellenie de Valençay soit annulée, laquelle terre lui a été donnée comme produisant 600 livres de rente[11].
Jean, bâtard de Chalon ou de Tonnerre (1397 - 1453), fils naturel du comte Louis II. Il reçoit de sa tante Jeanne II de Chalon (comtesse de Tonnerre en 1424-1440), Valençay en Berry, le 14 décembre 1434.

Le 28 avril 1451, Eudes de Bourgogne cède Valençay à Robert II alias Robinet d'Estampes, sire de Salbris, marié en 1438 à Marguerite de Beauvilliers, dame d'Autry-lès-Vierzon et trois de ses frères.

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Le Nahon coule devant le château de Valençay.

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LES D'ESTAMPES (1451 - 1747)[]

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Armes de la famille d'Estampes.

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Marguerite d'Estampes-Valençay, dame d'Etiau.

Selon Eugène Hubert, l'illustre maison d'Estampes pour laquelle Valençay est érigé en Marquisat, possède cette terre pendant deux cent quatre-vingt-quatorze ans[12], entre 1451 et 1745.

Les d'Estampes sont une famille de financiers qui s'élève au début du XVe siècle, par le service du duc Jean de Berry, et poursuit son ascension au cours de l'époque moderne. Cette grande famille de la noblesse seconde, toujours représentée de nos jours, a pour principales branches celle des seigneurs de La Ferté-Imbault et celle des seigneurs de Valençay. Cette dernière, objet de la présente étude, compte dans ses rangs trois évêques, un archevêque-duc de Reims, deux commandeurs de l'ordre de Malte l'un est également cardinal et nombre de grands serviteurs de la couronne détenteurs d'importantes charges civiles[13].

Il faut s’attacher, comme l'a fait Anne Gérardot, ancienne directrice des Archives Départementales de l’Indre, à éclairer le parcours largement méconnu de la famille d’Étampes, qui connaît une ascension remarquable entre Berry et Val de Loire au XVIe siècle pour atteindre son apogée sous les règnes de Louis XIII et du jeune Louis XIV, s’appuyant sur un réseau d’alliances prestigieuses (Hurault, Happlaincourt, Béthune, Montmorency... ) et affirmant son statut à travers l’art de bâtir et de collectionner[14].

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Premiers d'Estampes à Valençay (XVe)[]

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La construction de ce château est commencé au XVe siècle.

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Marguerite de Beauviliers.

Le 28 avril 1451, le bâtard de Tonnerre cède Valençay à Robert II alias Robinet d'Estampes, et trois de ses frères, moyennent la somme de 12.000 livres, nous dit Eugène Hubert[15]. Robert II est l'époux en 1438 de Marguerite de Beauvilliers dame d'Autry-lès-Vierzon. Robert II, chevalier, seigneur de Salbris, est chambellan de Charles VI. Il devient maréchal et sénéchal du Bourbonnais et participe à la reconquête de la Normandie. Il acquiert en 1424 La Ferté-Imbault, et en 1451 le vaste fief de Valençay, en Berry. Robert II est le premier d'Estampes à s'établir à Valençay, pour une période très courte. Il est décédé vers 1453 selon Moreri[16]. Mais il est encore cité comme maréchal et sénéchal du Bourbonnais en 1456. Ses enfants sont Jean d'Estampes, Protonotaire du saint Siège, grand Archidiacre de Nevers et Prieur de saint Aignan ; Robert III, qui suit ; et Michel Sr de Valancey, mort vers l’an 1490 sans postérité[17].


Robert III d’Estampes (vers 1440 - 1488), fils de Robert II/Robinet et de Marguerite de Beauvilliers dame d'Autry-lès-Vierzon. Il devient à son tour maréchal et sénéchal de Bourbonnais, Seigneur de Salbris, d'Ardreloup et de Tillay. Il laisse trois fils de son épouse Louise Levrauld (+ apr.1507), dont Louis qui suit, auteur de la branche de Valençay.


Dans les partages de famille, Valençay échoit à Louis d'Estampes, petit-fils de Robert II, le premier propriétaire. Louis devient la souche de la branche d'Estampes, qui possède Valençay jusqu'en 1745, et le nom de Valençay est, à chaque génération, porté par une ou plusieurs personnes de cette branche[18].

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Les d'Estampes à Valençay au XVIe)[]

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Les mâchicoulis de la partie haute de la tour nord-ouest rappellent encore l’architecture médiévale.

Louis d’Estampes (1482 - 1530), seigneur de Valençay, en fait sa principale résidence. François Ier lui accorde la charge de gouverneur et bailli de Blois, d'abord en survivance de son beau-père Jacques Hurault (décédé en 1519). Il est fait chevalier de l'ordre de Saint-Michel (ou ordre du roi), marié le 4 décembre 1512 à Marie Hurault (1569 /1543), fille de Jacques Hurault seigneur de Cheverny, Veuil, Huriel et Vibraye, débute en 1520 la transformation du manoir féodal de Valençay en un château moderne[19]. Ces travaux d’embellissement et d’agrandissement se poursuivront, de génération en génération, jusqu’en 1650. Il faut se centrer sur les figures de Louis d’Étampes et Marie Hurault en s'étayant par les apports de l’archéologie du bâti et des documents d’archives en grande partie inédits. Ce sont de grands seigneurs de la Renaissance comme l'attestent l’ampleur de leurs réalisations architecturales[20].


Jacques d'Étampes (1518 - 1580), seigneur du lieu depuis 1534 qui, ayant épousé la fille richement dotée d'un financier, Jeanne Bernard d'Estidu (+ apr. 1578), fait, vers 1540, commencer la construction de l'édifice actuel, après avoir fait raser le vieux château féodal. La famille d'Estampes, après lui, conserve Valençay pendant plus de deux cents ans.

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Les d'Estampes à Valençay au XVIIe)[]

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Les armes de la famille d'Happlaincourt.

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Jacques d'Estampes de Valençay devient Grand maréchal des logis de la maison du Roi en 1618.

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Léonor de Valençay (1589 - 1651), archevêque-duc de Reims et pair de France (1641).

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Henri d'Etampes de Valencay, Bailly de Malte, Grand Prieur de France (1603-1678).

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Dominique d’Etampes (1601 - 1691) achève de clore la cour d’honneur.

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Cour d'honneur.

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La Grande Demoiselle.

Jean (mai 1548 - 1620), fils de Jacques Ier et Jeanne Bernard d'Estiau, seigneur de Valençay, qui fait construire le donjon, et d'Estiau en Anjou (Etiau à Longué-Jumelles et St-Philbert), chevalier de l'ordre de Saint-Michel, capitaine de cinquante hommes d’armes des ordonnances du Roi (1586), marié en février 1578 à Sara d’Happlaincourt (+ apr. 1620), héritière de ce fief en Picardie, est ainsi fait conseiller d’État en 1594, puis nommé chevalier de l'ordre du Saint-Esprit (1619, ou ordres du roi). Il obtient de faire recevoir son fils aîné à sa place dans cet ordre, étant alors en campagne en Navarre, aux côtés du duc de Mayenne, et meurt peu après d'une blessure d'arquebuse.


Le membre le plus connu de la branche d'Estampes-Valençay est Jacques II d'Estampes (novembre 1579 - novembre 1639), seigneur d'Happlaincourt et de Valençay. Il est lieutenant-colonel de la cavalerie légère de France, Grand maréchal des logis de la maison du Roi en 1618, chevalier de l'ordre du Saint-Esprit (décembre 1619) reçu à la place de son père, maréchal de camp (1622), gouverneur de Montpellier (1622 - 1626), conseiller d'État. Jacques II d'Etampes-Valençay participe à la première guerre de religion menée par Louis XIII. En 1627, il est nommé gouverneur de la citadelle et de la ville de Calais et des Pays conquis. C'est le 1er marquis de Valençay, marié à Louise Blondel de Joigny dame de Bellebrune. La branche de Valençay produit alors des frères remarquablement distingués, fils de Jean (1548-1620) et de Sara d'Happlaincourt :


Achille d'Étampes de Valençay (1584 - 1646), chevalier de Malte, maréchal de camp (1628), puis général des armées du Saint-Siège et cardinal de Valençay pour ses services militaires (1643). Il nait au château de Valençay l'an 1584, de Jean d'Étampes, chevalier, seigneur de Valençay, et de Sarra d'Happlaincourt, fille unique héritière de Jean, seigneur d'Happlaincourt. Achille d'Étampes est reçu chevalier à minorité en l'ordre de Malte dès l'âge de huit ans. Quelque temps après son arrivée à Malte, il fait voir la grandeur de son courage sur les galères de la religion, en combattant vaillamment les infidèles. Il se distingue depuis au siège de Montauban, sous le duc de Savoie, et est fait prisonnier par les Espagnols. Ayant recouvré sa liberté, il sert le roi Louis XIII au siège de la Rochelle, où il commande les vaisseaux en qualité de vice-amiral. Il et fait ensuite capitaine des gardes de la reine Marie de Médicis. qu'il suit d'abord dans l'exil, mais se voyant inutile à cette princesse, il retourne à Malte et se distingue encore contre les Turcs. Urbain VIII l'appelle à Rome pour commander ses armées, sous le cardinal Darberini, son neveu ; après la défense de Castro contre le duc de Parme, le pape le fait, en 1643, cardinal du titre de Saint-Adrien[21].


Mgr Léonor de Valençay (1589 - 1651), abbé de Bourgueil, député du clergé aux États-Généraux (1614), évêque de Chartres (1620), puis archevêque-duc de Reims et pair de France (1641), chevalier de l'ordre du Saint-Esprit, mécène de Claude Vignon et Jacob Bunel[22].


Le 2e marquis de Valençay, Dominique (1601 - 1691) ; fils puîné de Jacques II et Louise Blondel de Bellebrune, agrandit follement son château de Valençay, de 1640 à 1650, et le maréchal Jacques relève, dès 1627, son château de La Ferté-Imbault, victime des guerres de religion, et modernise celui de Mauny, près de Rouen. Dominique épouse en 1641 Marie-Louise/Marguerite de Montmorency-Bouteville, † 1684, sœur aînée du Maréchal duc de Luxembourg. Dominique d’Etampes donne au château de Valençay sa pleine mesure en achevant de clore la cour d’honneur et en confiant son ornement à Pierre de Cortone et Jean Mosnier.


Henri d’Etampes (1603 - 1678), ambassadeur du roi de France à Rome puis à Venise, qui commande à Nicolas Poussin en 1650 une Assomption de la Vierge aujourd’hui conservée au musée du Louvre[23].


En 1653, mademoiselle de Montpensier, dite la Grande Mademoiselle, y passe et l'évoque ainsi dans ses mémoires :

J'y arrivais aux flambeaux : je crus entrer dans une demeure enchantée. Il y a un corps de logis le plus beau et le plus magnifique du monde (...). Le degré (escalier) y est très beau et on y arrive par une galerie à arcades qui a du magnifique , etc. L'appartement correspond bien à la beauté du degré par les embellissements et meubles.[24].


Au commencement du XVIIIe) siècle, le grand domaine se trouve divisé par les successions familiales.

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Les d'Estampes vendent Valençay (XVIIIe)[]

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Veue du chasteau de Valençay, en Berry, à quatre lieues de Menestou, sur le Cher, 1705.

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Monsieur le marquis de Valençay d'Estampes, Carmontelle (dit), Carrogis Louis (1717 - 1806).

François-Henri d'Estampes, IVe marquis de Valençay, frère cadet de Henri-Dominique, décède en 1711. Sa veuve, presque ruinée, qui occupe une moitié du château, Angélique Françoise de Remon (1680 - 1751), cède la moitié de Valençay en 1719 à l'agioteur John Law, pour la somme de 200.000 livres tornois. Cette vente est annulée par arrêt du Conseil du roi en 1722, suite à la faillite du financier. Elle entreprend de le revendre au duc Philippe, mais sans succès[25].


Le Ve marquis de Valençay Henri-Hubert (1684 - 1734), neveu de François-Henri, occupe l'autre moitié du château. Il se marie en 1715 à Philiberte Amelot de Chaillou (1692 - après 1769). Ils ne parviennent pas à enrayer la décadence de cette branche des d'Estampes.


Le VIe marquis Dominique-Jacques-Henry, (1718 - 1742), leur fils, ne parvient pas plus à enrayer la décadence de cette branche des d'Estampes, mais réunit les deux parts en 1741. Il meurt en Bohême en 1752 rt avec lui s'éteint cette branche des d'Estampes[26].


Le 22 juillet 1747, Valençay est cédé par les d'Estampes (Philiberte Amelot du Chaillou, veuve d'Henri-Hubert), avec vingt mille hectares, à Jacques-Louis Chaumont de La Millière (1711 - 1756), Conseiller au parlement de Paris (1738), maître des requêtes (10.01.1744), intendant du Limousin (1750), frère d'Antoine et père d'Antoine-Louis et Jacques Louis, pour quatre cent mille livres, somme sans rapport avec une telle propriété.

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La galerie sud et sa façade. Achevée vers 1601-1604, cette galerie donne sur la cour d’Honneur par des arcades en anse de panier rappelant le style Renaissanc[27].

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VALENCAY DE 1747 À 1803[]

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Les propriétaires du château de Luçay-Le-Mâle et de Valençay à cette époque sont les mêmes.

Le 22 juillet 1747, Valençay est cédé par Marie-Philiberte Amelot, veuve d'Henri-Hubert d'Étampes-Valençay, avec vingt mille hectares, à Jacques-Louis Chaumont de La Millière (1711 - 1756).

Vingt ans plus tard, le 3 juillet 1766, tout est revendu avec forte plus-value à Philippe-Charles Legendre de Villemorien (1717 - 1789), fermier général du bail Mager, également acquéreur de Luçay-le-Mâle. Villemorien dispose d'une solide fortune[28]. .

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Jacques-Louis Chaumont de La Millière (1747 - 1766)[]

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Antoine-Louis Chaumont de La Millière.

Le 22 juillet 1747, Valençay est cédé par Marie-Philiberte Amelot, veuve d'Henri-Hubert d'Étampes-Valençay, avec vingt mille hectares, à Jacques-Louis Chaumont de La Millière (1711 - 1756), pour quatre cent mille livres, somme sans rapport avec une telle propriété. Il est Conseiller au parlement de Paris (1738), maître des requêtes (10.01.1744), intendant du Limousin (1750), frère d'Antoine-Martin Chaumont de La Galaizière, chancelier de Lorraine de 1737 à 1758, et père d'Antoine-Louis Chaumont de La Millière (1749 - 1803).

Dans le cours de la troisième décennie du XVIIIe siècle, le dernier représentant de la lignée des Rochefort, Seigneur de Luçay, vend son château, terre et seigneurie à Jacques-Louis Chaumont de La Millière (1711 - 1756), qui le lègue à son fils Antoine-Louis Chaumont de La Millière (1749 - 1803), Avocat Général, Administrateur des Ponts et Chaussées (1777), Intendant Général des Ponts et Chaussées et des Hôpitaux (1781).

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Philippe-Charles Legendre de Villemorien (1766 - 1803)[]

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Château de Valençay, construction de la Tour neuve au sud (après 1766).

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Jean-Baptiste-Charles Legendre de Luçay (1754 - 1936) adjoint les seigneuries de Veuil et de Valençay à celle de Luçay.).

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Vue du château de Valençay en 1792, et au premier plan des promeneurs, Moreau Louis Gabriel, l'Aîné (1740 - 1806).

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Le château vu des prés.

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Jeanne Charlotte Papillon d'Auteroche (1769 - 1845), son épouse, est une des dames du palais de l'impératrice Joséphine, puis la dame d'atours de l'impératrice Marie-Louise d'Autriche de 1810 à 1814.

Vingt ans plus tard, le 3 juillet 1766, tout est revendu avec forte plus-value à Philippe-Charles Legendre de Villemorien (1717 - 1789), fermier général du bail Mager, également acquéreur de Luçay-le-Mâle, gendre du grand financier et promoteur immobilier Étienne Michel Bouret (1708 - 1777), qui y fait réaliser d'importants travaux : réparation, construction de la Tour neuve au sud, démolition des communs fermant la cour d'honneur à l'est, suppression des fenêtres à la française et du toit à la Mansard.

Vers 1766 l'aile de la galerie, rythmée d'une suite de pilastres d'ordre dit colossal (embrassant les deux niveaux du bâtiment) cannelés et à chapiteaux ioniques enguirlandés, est créée par l'architecte Joseph-Abel Couture (avant 1732 - avant 1799), dit Couture l'Aîné, auteur entre autres du pavillon Bouret en forêt de Sénart.

Philippe Legendre de Villemorien crée les Forges de Luçay en 1763. Son fils, Jean-Baptiste-Charles Legendre de Luçay (1754 - 1936) adjoint les seigneuries de Veuil et de Valençay à celle de Luçay. Il crée une filature, plusieurs forges, fait rétablir les ponts sur le Nahon et refaire la route de Selles-sur-Cher. Ses forges se trouvent à Luçay-le-Mâle. La position est très belle, ile château domine la forge, l'étang qui l'alimente, le bourg de Luçay et des ravins pittoresques.

Sous la Terreur, son fils, le comte Jean-Baptiste Legendre de Luçay (1754 - 1836), échappe de peu à la guillotine en se cachant trois jours et trois nuits dans la forêt de Garsenland. Arrêté, il est acquitté grâce à son épouse en qualité d'entrepreneur de travaux utiles à la République. Incarcéré, Charles de Luçay est libéré surtout grâce aux pétitions des communes de Valençay et de Luçay, qui se déclarent prêtes à défendre leur ancien seigneur jusque devant les Comités de la Convention.

Arrêté de nouveau, il est détenu à la prison de Châtillon. L’ordre va arriver de le transférer à Paris. Sa femme le fait évader, mais la trahison d’un domestique compromet sa fuite. Très rapidement, il remonte vers sa geôle et s’y réinstalle avant que sa fuite soit constatée. Sa présence d’esprit lui permet de renouveler sa tentative et de réussir. Il traverse l’Indre à la nage, laisse flotter sur l’eau une partie de ses vêtements, ce qui fait croire qu’il s’est noyé et trouve refuge chez l’un de ses gardes. Cependant, il apprend que sa femme, accusée de complicité, vient d’être emprisonnée. Il revient à Châtillon et déclare vouloir partager le sort de son épouse : il est de nouveau arrêté. Mais, les autorités locales interviennent.

Nous réclamons, ce génie inventeur dont l’intelligente industrie et la bienfaisance éclairée ont soulagé l’indigence, ont fait disparaître la mendicité et qui, par l’utile et généreux emploi de sa fortune, est devenu cher à tout le département.

Devant l’opinion, le Comité de salut public doit céder : les prisonniers sont libérés.

Sous le Directoire, Jean-Baptiste Legendre de Luçay (1754 - 1836) est nommé administrateur de l'Indre.

Présenté à Bonaparte par le troisième Consul Lebrun, Jean-Baptiste Legendre de Luçay (1754 - 1836) est nommé préfet du Cher le 11 ventôse an VIII. Le 11 brumaire an X, il devient préfet du Palais puis, le 8 juillet 1804, premier préfet du Palais dans la nouvelle organisation de la Maison de l'Empereur. Le comte devient propriétaire du domaine de Pardailhan, pour sauvegarder les intérêts de son cousin Thomas, mais en 1803 il vend Valençay.

Jeanne Charlotte Papillon d'Auteroche (1769 - 1845), son épouse, est une des dames du palais de l'impératrice Joséphine, puis la dame d'atours de l'impératrice Marie-Louise d'Autriche de 1810 à 1814.

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Vue du château de Valençay en 1792, prise des terrasses, et couple de promeneurs, Moreau Louis Gabriel, l'Aîné (1740 - 1806).

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LES TALLEYRAND (1803)[]

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Talleyrand.

Quand George Sand décrit Valençay comme l’un des lieux les plus beaux de la terre, le château a bénéficié de la fortune et de la gloire du prince des diplomates, Charles-Maurice de Talleyrand-Périgord. L’ex-évêque d'Autun, alors ministre des Relations extérieures du Consulat l’achète en 1803, commande à ses architectes d’importants travaux d’aménagement, le meuble dans le style Empire, y crée une galerie d’ancêtres et ponctue le parc de nombreuses fabriques ou « folies »[29].

Lorsque Napoléon divorce et se remarie peu de temps après, Fernando et son frère Carlos (l'alma mater des carlistes)à, célèbrent l'événement avec de grandes fêtes dans le luxueux et confortable château de Valençay où Talleyrand les retient. Détention supportable même pour une famille royale. Malgré ses grands défauts, l'ancien évêque d'Autun est un grand homme.


Charles-Maurice de Talleyrand-Périgord, gastronome averti, fait du château de Valençay un temple de l'art culinaire[30].

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Achat du château et des terres[]

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Les armes du Prince de Talleyrand.

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Le Prince de Talleyrand à Valençay.

Un jour, le Premier consul dit à Talleyrand, ministre des Relations extérieures :

Je veux que vous ayez une belle terre, que vous y receviez brillamment le corps diplomatique, les étrangers marquants, qu’on ait envie d’aller chez vous, et que d’y être prié soit une récompense pour les ambassadeurs des souverains dont je serai content.

Jean-Baptiste Legendre de Luçay (1754 - 1836), présent à cette conversation, propose au ministre son château et sa terre de Valençay, qui sont devenus des charges trop lourdes pour lui, à la suite de la Révolution.

La somme qu’il demande dépasse les disponibilités de Talleyrand. Ainsi, l’affaire risque de ne pas aboutir ; mais le Premier consul, qui désire à la fois être utile à M. de Luçay et agréable à son ministre, fait don à celui-ci de la différence. C'est à dire... presque la tonalité de la somme. C’est ainsi que l’acte de vente est signé à Paris, le 17 floréal an XI (7 mai 1803), chez les notaires Raguideau de La Fosse et Chodron, moyennant la somme énorme de seize cent mille francs (1.600.000 francs).

Le château de Valençay est aussi acquis par Talleyrand lui-même avec l'argent que Godoy lui envoie pour acheter son soutien. On ne sait pas si c'est en hommage à l'Espagne que Talleyrand peuple son parc avec cinq cents moutons mérinos...[31].

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La découverte de son domaine[]

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Madame de Talleyrand-Périgord, bientôt S.A.S. la Princesse de Bénévent, future Princesse de Talleyrand, peinte vers 1805 par le (futur) Baron Gérard.

L'acte de vente est signé le 17 mai 1803. Valençay devient ainsi le palais où le ministre des affaires étrangères peut, au nom de l'Empereur, recevoir et traiter avec magnificence les ambassadeurs étrangers.

En septembre 1803, Talleyrand, en compagnie de la belle Catherine Worlée (ex-Mme Grand), qu’il épouse après l'avoir relevée de ses vœux, découvre la belle terre de Valençay. La chronique raconte qu’ils mirent trois jours à trottiner à la découverte de leur domaine, non seulement l’admirable château, les châteaux de Luçay-Le-Château et Veuil, les communs formant un véritable village, mais encore le parc de 150 hectares, les forêts majestueuses, les terres, les prés, les vignes, 99 fermes... un immense ensemble de 19.000 hectares s’étendant sur 23 communes. C’est l’une des deux ou trois grandes terres féodales de France.

Talleyrand y séjourne régulièrement, en particulier avant et après ses cures thermales à Bourbon-l'Archambault[32].

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Les Bourbons d'Espagne captifs (1808)[]

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La prison de Fernando VII.

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Vue du château où sont retenus captifs la famille royale espagnole durant leur séjour en France / Gravure par le Graveur de la Chambre du Roi, Felipe Cardano.

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Thêatre du Château de Valençay.

Talleyrand se détache peu à peu de l'empereur, mais reste cependant son conseiller. Alors qu'il a initialement (et de manière intéressée) suggéré l'intervention en Espagne, il s'en désolidarise progressivement du fait de l'évolution de la situation européenne. Il fait savoir son opposition puis plus tard fait disparaître les lettres et affirme dans ses mémoires avoir toujours plaidé contre.

De plus, l'empereur fait tout le contraire» des suggestions de Talleyrand, qui plaide pour un rapprochement avec Ferdinand, prince populaire. Son désaccord sur la méthode se manifeste particulièrement dans les courriers qu'il envoie à l'empereur, qui se trouve à Bayonne. Ce dernier n'en tient pas compte et capture par la ruse les infants d'Espagne, procédé inexcusable pour Talleyrand.

Les trois membres de la famille royale, l'infant Don Antonio et le « bon Manuel » passent au château de Valençay la plus grande partie de la guerre entre Napoléon et le peuple espagnol (1808 - 1814). Talleyrand se voit confier leur garde, et les loge durant sept ans à Valençay. Il en reçoit l’ordre et transforme Valençay en prison dorée pour l’héritier de la couronne. Son hospitalité se révèle agréable aux prisonniers.

Le Prince a compris que l'usurpateur n'est un être civilisé. Le 27 janvier 1809, Napoléon, durant trente minutes, abreuve Talleyrand d'injures ordurières à l'issue d'un conseil restreint de circonstance :

Vous êtes un voleur, un lâche, un homme sans foi ; vous ne croyez pas à Dieu ; vous avez, toute votre vie, manqué à tous vos devoirs, vous avez trompé, trahi tout le monde ; il n'y a pour vous rien de sacré ; vous vendriez votre père. Je vous ai comblé de biens et il n'y a rien dont vous ne soyez capable contre moi[33].

A l'est du château, les écuries sont modifiées et agrandies entre 1809 et 1811 pour les princes d'Espagne, en exil à Valençay. Leur disposition en rotonde est originale.

Avec une vie simple et agréable les journées au château de Valençay se poursuivent pour les Bourbons confinés jusqu'à ce que les armées de l'Empereur soient battues, désarmées et vaincues, et que le 11 décembre 1813 le traité de paix soit signé[34].

Le futur roi d'Espagne Ferdinand VII reste à Valençay de 1808 à 1813. Il s’y ennuie malgré le charmant théâtre à l’italienne construit pour l’occuper, mais n’en voudra pas à son geôlier puisqu’il lui offre son portait[35].

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Après le départ des Bourbons (1813)[]

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Dorothée de Courlande, duchesse de Dino, compagne très aimée et estimée de Charles-Maurice de Talleyrand.

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Tableau de fond du Château de Valençay sur toile de son théâtre.

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L'Orangerie à Valençay.

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Un coin du parc de Valençay.

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Talleyrand en 1828.

Au printemps 1816, Talleyrand se retire à Valençay, où il n'est pas allé depuis huit ans. En 1817, il écrit au duc de Montmorency :

Ce n’est pas de repos que je sens le besoin, mais c’est de liberté. Faire ce que l’on veut, penser à ce qu’il plaît, suivre sa pente au lieu de chercher son chemin : voilà le vrai repos dont j’ai besoin, et celui-là, je le trouve ici.

Au gré des changements de régimes, le Diable boiteux qui en a servi neuf, reste attaché à son coin de Berry sur lequel règne la duchesse de Dino, sa nièce et maîtresse, jusqu’à sa mort en 1834.

Ecarté du pouvoir par Louis XVIII pour délit d’opinion libérale, malgré les services rendus, Talleyrand effectue son grand retour à Valençay sous la Restauration. Dès lors, hormis pendant son ambassade en Angleterre pour Louis-Philippe, chaque année, il y passe l’été et l’automne jusqu’à l’ouverture des Chambres.

Toujours actif et entreprenant, il s’occupe de son domaine, reçoit beaucoup d’amis, lit, écrit et pense. Celui qui a contribué à l’ascension de Napoléon Bonaparte, puis à la Restauration des Bourbons, qui a sauvé la France d’une débâcle assurée au Congrès de Vienne est toujours habité par une idée dont il a déjà tenté de convaincre Louis XVI.

Une idée opposée à la volonté de domination et de conquête de l’Empereur. A la tentation absolutiste du roi et de ses zélateurs aveugles au présent comme à l’avenir. Cette idée qui prône l’instauration d’une monarchie constitutionnelle et parlementaire, à l’exemple de l’Angleterre, n’a pas séduit les chefs d’Etat qui ont eu recours à ses services.

En revanche, les aspirations à la liberté, la justice et la prospérité qui lui sont liées, déjà présentes chez des philosophes favoris de Talleyrand tels que Montesquieu et Voltaire, trouvent un terrain propice à un début d’application dans le vaste domaine de Valençay.

Talleyrand a aussi répandu des secours en tous genres : bureau de bienfaisance, maison de charité où des sœurs instruisent des petites filles, portent secours aux malades.

Il fait don d’un terrain pour construire une mairie, une justice de paix, une école de garçons… Certes, ce n’est pas encore la mise en œuvre de l’égalité inscrite dans la Déclaration des droits de l’Homme et du Citoyen dont il a rédigé l’article 6. Mais cela témoigne des convictions et de la sensibilité de cet homme impassible sur la scène publique. Un homme que ses goûts artistiques et littéraires dévoilent et dont la vivacité d’esprit, la conversation et la délicatesse de sentiments enchantent ses amis très proches.

Alors que les ultras sont de plus en plus influents, Talleyrand, désormais proche des doctrinaires, en particulier de Pierre-Paul Royer-Collard qui vit au château de Châteuvieux, voisin de Valençay, se place pour le reste de la Restauration dans l'opposition libérale.

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Retraite et mort[]

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The lame leading the blind (« Le boiteux guidant l'aveugle », John Doyle, 1832), caricature anglaise représentant Talleyrand et Lord Palmerston.

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Crypte de Valençay, ancienne sépulture de Talleyrand.

Talleyrand se retire dans son château de Valençay. Il est maire de cette commune de 1826 à 1831, puis conseiller général de l'Indre, jusqu'en 1836. Il conseille toujours Louis-Philippe, en particulier en 1836 sur la neutralité à adopter dans le problème de la succession espagnole, contre l'avis de Thiers, qui y perd son poste.

Son activité politique décroît cependant. Il reçoit, outre de nombreuses personnalités politiques, Alfred de Musset et George Sand (cette dernière le remerciant par un article injurieux, qu'elle regrette dans ses mémoires), Honoré de Balzac et met la dernière main à ses mémoires.

En 1837, il quitte Valençay et retourne s'installer dans son hôtel de Saint-Florentin à Paris. Des funérailles officielles et religieuses sont célébrées le 22 mai. L'inhumation provisoire (qui dure trois mois) de Talleyrand, a lieu le 22 mai dans le caveau de l'église Notre-Dame de l'Assomption (Paris 1er), sa sépulture à Valençay n'étant pas terminée.

Embaumé à l'égyptienne, son corps est placé dans la crypte qu'il a fait creuser sous la chapelle de la maison de charité qu'il a fondée en 1820 à Valençay, où il est ramené de Paris le 5 septembre ; ce lieu devient la sépulture de ses héritiers et le reste jusqu'en 1952.

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Le bienfaiteur de Valençay[]

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Le buste de Talleyrand.

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Talleyrand fait ériger le clocher de l'église en 1836.

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Un Talleyrand finance la construction de la gare.

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FDC de Valençay.

Talleyrand reconstitue la filature — qui fournit les usines de Châteauroux, d'Issoudun et la maison Seillière à Paris et obtient une médaille à l'Exposition de Paris de 1819. Il fait ériger le clocher de l'église en 1836, crée un nouveau cimetière et donne un terrain pour édifier la mairie.

Le 14 décembre 1825, le préfet de l'Indre écrit au ministre de l'Intérieur :

Il n'y a ni mendiants ni individus absolument nécessiteux à Valencay parce que M. de Talleyrand a établi des ateliers où il y a du travail pour tous les âges. Ceux que la maladie atteint sont visités, secourus, consolés par les Sœurs de charité qu'il a dotées et fixées dans cette petite ville.

En 1818, ayant morcelé une propriété dont une partie revient à la commune, il consacra l'autre à la fondation d'une école pour enfants pauvres et offre à sainte Elisabeth Bichier des Ages, dont il connait l'œuvre par son oncle Talleyrand, cardinal-archevêque de Paris, d'y fonder une maison, achevée avec une chapelle en 1820. Celle-ci est ornée de lambris, d'un mobilier de chêne sculpté, de vitraux, d'une Fuite en Égypte attribuée à Le Sueur — détruite par l'incendie du 18 août 1944 — et d'un calice en vermeil ciselé et incrusté de lapis, don du pape Pie VI à un prince Poniatowski, archevêque de Cracovie, offert avant 1834 par une de ses nièces, qui est rendu en 1905 au duc de Valençay et finalement transmis au musée du Louvre.

En 1826 Prosper de Barante s'émerveille de Valençay...

...grand château où tout est magnifiquement hospitalier, où règne une richesse aristocratiquement dépensée, dont il n'y a pas encore un autre exemple en France[36].

Talleyrand, qui s'intéresse au travail des religieuses, visite souvent ce qu'on appelait la Maison de charité, et y mene ses hôtes, dont Guillaume-Aubin de Villèle, archevêque de Bourges et, le 26 octobre 1834, le duc d'Orléans et une nombreuse suite.

Par un codicille à son testament du 9 mars 1837, Talleyrand, qui meurt un an après, assure la perpétuité de l'établissement et exprime la volonté d'y être inhumé. À cet effet il fait creuser une grande crypte sous le chœur de la chapelle de l'école libre.

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Des présents de Louis-Philippe[]

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Le Roi fait faire pour Valençay le portrait en pied de François Ier qui a bâti le château et un autre de la Grande Mademoiselle, qui y est venue et l'a loué dans ses mémoires. Il envoie aussi à M. de Talleyrand le fauteuil qui servait à rouler Louis XVIII et il nous a fait dire par Madame que s'il allait à Bordeaux, il passerait ici.

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Les Talleyrand-Périgord[]

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Le titre français de duc de Talleyrand a été créé en 1814 pour la maison de Talleyrand-Périgord et s'est éteint en 1968.

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Napoléon-Louis, 3e duc de Talleyrand[]

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Napoléon-Louis, 3e duc de Talleyrand.

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Alix de Montmorency.

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Napoléon-Louis, duc de Talleyrand, est aussi duc de Sagan.

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Anne de Mortemart, duchesse d'Uzès, maître d'équipage du Rallye Bonnelles, venue chasser à Valençay, avec l'équipage de Valençay. (huile sur toile, de Jaquet -1886).

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Les piqueux de l'équipage du duc de Valençay sont ici en grande tenue. La photo qui date de 1892 est prise devant l'entrée d'honneur du château, le chenil devant se trouver sur la droite[37].

Le Ier prince-duc de Talleyrand Charles-Maurice n'ayant pas de fils légitime connu, en 1829 Charles X crée le titre de duc de Valençay pour son petit-neveu Napoléon-Louis, 3e duc de Talleyrand, fils du 2e duc Edmond et de la duchesse de Dino (titre créé en 1815 pour Talleyrand par Ferdinand 1er des Deux-Siciles, puis reconnu en 1817 avec la pairie par Louis XVIII), époux d'Alix de Montmorency, qui lui donne quatre enfants mais dont il se sépare. Devenu veuf, il se remarie avec Pauline, fille du maréchal Boniface de Castellane ; en 1845 sa mère, devenue par arrangement familial duchesse de Sagan, repart vivre dans cette principauté et ne vient plus que rarement à Valençay ; le 3e duc de Talleyrand est inhumé auprès d'elle à Sagan. À partir de 1856 il emploie l'architecte local Alfred Dauvergne pour des travaux au château qui sont poursuivis ensuite par son fils ; vers 1860 les frères Buhler travaillent au parc ; ils seront suivis en 1906 par la création de parterres à la française avec sculptures de goût versaillais à l'entrée d'honneur, par Édouard André. En 1831, lors de la restauration de l'église, Dorothée de Courlande offre une grande verrière portant ses armes familiales et d'alliance accompagnées des devises des Talleyrand-Périgord : Re que Diou (Rien que (de) Dieu) et Spero Lucem (J'espère la lumière), que l'on voit gravées à la suite des mots In tenebro (dans les ténèbres) sur les façades de certaines maisons d'origine huguenotes en Poitou-Charentes. Le 4 septembre 1838, à 10 heures du soir, le 1er duc de Valençay ayant été autorisé par Louis-Philippe Ier à les inhumer dans la crypte, reçoit dans la cour d'honneur trois cercueils acheminés de Paris deux jours plus tôt : ceux de son grand'oncle, le ministre, du frère cadet de ce dernier, son propre grand-père Archambault-Joseph (1762-1838), lieutenant général des armées du roi, mort un mois avant lui, 1er duc de Talleyrand, souche des ducs de Talleyrand et père du 2e duc Edmond et de sa fille Marie-Pauline-Yolande de Périgord (1833-1836) ; ils sont portés dans le bourg escortés de gardes-chasses, des piqueurs et des gens de service tous portant des torches, puis enfin déposés dans l'église et la cérémonie officielle alieu le lendemain.

Y sont ensuite également ensevelis :

  • en octobre 1840, Charlotte-Dorothée de Talleyrand-Périgord, morte à quelques semaines, sœur de la jeune Yolande ;
  • en 1905, la duchesse de Talleyrand et de Sagan, née Anne-Alexandrine-Jeanne-Marguerite Seillière ;
  • en 1910, son époux Charles-Guillaume-Frédéric-Marie-Boson, fils du 3e duc Napoléon-Louis, prince de Sagan en 1845 puis en 1898 4e duc de Talleyrand et de Sagan, père du 5e duc Hélie de Talleyrand-Périgord et du 6e duc Boson de Talleyrand-Périgord (1867 - 1952), 2e duc de Valençay.

En 1883 Napoléon-Louis de Talleyrand-Périgord, 3e duc de Talleyrand, 2e duc de Sagan, 1er duc de Valençay et sa 2e épouse, née Rachel Élisabeth Pauline de Castellane, offrent un vitrail armorié à l'église.

L'équipage de vénerie de Valençay fondé par Napoléon-Louis duc de Valençay, sur le domaine du château, l'un des plus grands de France. Il représente une superficie de près de 14.000 hectares, comprenant six forêts, qui sont celles de :

-Gâtine

-Bréviande

-Garsenland

-Luçay

-Ferrières

-Saint-Paul.

C'est principalement dans ces six forêts que se déroulent les chasses de l'équipage de Valençay, avec parfois passage d'une forêt à l'autre [38].

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Boson Ier de Talleyrand-Périgord[]

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Boson Ier de Talleyrand-Périgord (au centre) préside le comité de la Société des Steeple-Chases.

Boson Ier de Talleyrand-Périgord est prince de Sagan (1845), duc de Sagan et de Talleyrand (1898), né à Auteuil (Seine)1 le 7 mai 1832 et mort à Paris VII, le 21 février 1910, est un officier de cavalerie et dandy français. Jeanne Seillière (1839 - 1905), en 1858, épouse Boson de Talleyrand-Périgord, prince de Sagan, qui lui donne deux fils, dont l'aîné sera ensuite le deuxième mari d'Anna Gould, autre riche héritière. Ils sont les parents de :

Hélie de Talleyrand-Périgord (1859 - 1937), prince de Sagan, puis duc de Talleyrand, de Sagan et de Dino. prince de Sagan, puis duc de Talleyrand, de Sagan et de Dino.
Boson II de Talleyrand-Périgord, qui suit.

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Boson II de Talleyrand-Périgord[]

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Boson II de Talleyrand-Périgord.

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Tombeau de Talleyrand (Charles Maurice, prince de Talleyrand-Périgord).

Boson II de Talleyrand-Périgord est né à Paris le 20 juillet 1867 et mort à Valençay 9 mai 1952. Lorsque, le 27 mai 1929, son neveu Howard Maurice de Talleyrand-Périgord, duc de Sagan, se suicide, Boson reçoit le titre de duc de Sagan. Sagan est une principauté située aujourd'hui en Pologne mais qui, avant la Seconde Guerre mondiale, fait partie de la Silésie prussienne. Le Troisième Reich accapare pris Sagan. Malgré tout ce titre de prince, est toujours porté par Boson II, qui le détient jusqu'à sa mort. Il essaie pendant la guerre de vendre ses terres au Maréchal Goering.

Le 25 octobre 1937, son frère Hélie de Talleyrand-Périgord, duc de Talleyrand, décède d'une crise cardiaque, le titre de duc de Talleyrand revient à Boson II. Boson devient Son Altesse Sérénissime, Prince de Talleyrand-Périgord.

Talleyrand décède sans enfant, le 9 mai 1952 à Valençay. Il repose avec sa troisième épouse, née Marie-Antoinette Morel, dans la crypte où se trouve également la dépouille de Talleyrand.


Selon Waresquiel, jusqu'en 1930 une vitre placée sur le cercueil laissant voir le visage momifié de Talleyrand ; alors que l'entrée de la crypte de la chapelle devenue funéraire est entièrement libre en 1953, cet édifice, demeuré propriété de Jean Morel, beau-fils et héritier du dernier duc, est longtemps fermé. Une convention est signée avec les collectivités locales. Après des travaux menés en 2009, la crypte est rouverte et, le 22 mai 2010, lors d'une cérémonie à laquelle assistent les descendants de Talleyrand, la noire et sobre sépulture, sarcophage placé il y a 172 ans dans un enfeu, est remontée dans la chapelle Notre-Dame.

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Blason des Talleyrand.

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LE CHÂTEAU DE VALENÇAY DE NOS JOURS[]

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Le parc est inscrit au titre des monuments historiques depuis le 25 mars 1992. Le château ainsi que divers éléments du domaine sont classés au titre des monuments historiques depuis le 8 mars 2011. La totalité du pavillon dit de la Garenne et de ses dépendances sont inscrits par arrêté du 8 août 2013.

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Dépôt d'œuvres du patrimoine national[]

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L'arrivée au dépôt de Valençay en septembre 1939[39].

Lors de la Seconde Guerre mondiale, le château devient un des dépôts secrets des œuvres du Musée du Louvre (mais seulement du Louvre),dont la statuaire antique (notamment la Victoire de Samothrace, la Vénus de Milo, une frise du Parthénon, le Code de Hammurabi, ou les Esclaves, de Michel Ange…) ainsi que le Cabinet des Dessins et les joyaux de la Couronne< ou les neuf couronnes des rois wisigoths[40].

Le château échappe de peu à la destruction le 16 août 1944, jour où la 2e division SS Das Reich investit la ville en représailles au meurtre, par des maquisards, de deux soldats allemands en lisière de la forêt entourant le château. Le duc de Talleyrand, se prévalant de son titre allemand de prince de Sagan et surtout Gérald Van der Kemp, futur conservateur en chef de Versailles, parlementent avec les Allemands afin qu'ils épargnent le château et son contenu artistique irremplaçable, ce à quoi ils parviennent[41].

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Le pavillon dit de la Garenne[]

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Le pavillon dit de la Garenne au début du siècle dernier.

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Allée menant au pavillon dit de la Garenne.

Cet élégant pavillon, lieu de plaisance bâti par Talleyrand de 1805 à 1806, paraît avoir été inspiré par Renard, son architecte. Mais la mort de ce dernier, en 1807, pourrait bien avoir conduit son successeur Bonnard à parachever cette construction originale, dite de style rustique à l’italienne, dont il ne reste que peu d’exemples. Aujourd’hui propriété privée, ce pavillon fait partie initialement du château dont il a été séparé par la déviation du tracé de la route vers Châteauroux[42].

Sa première destination est de servir de lieu de distraction principalement aux Princes d’Espagne pendant leur exil à Valençay. Ils peuvent ainsi, sans sortir de leur prison dorée, s’adonner à la chasse aux lapins avec des furets dans des garennes aménagées à cet effet.

Par la suite, la Duchesse de Dino, nièce de Talleyrand, utilise le Pavillon pour des festivités et des réceptions. C’est ainsi qu’elle reçoit avec éclat, en 1834, le jeune Duc d’Orléans, fils aîné de Louis-Philippe. Après le décès du Prince en 1838, le pavillon est ramené à sa première destination : un rendez-vous de chasse et ce jusqu’au début du XXe siècle[43].

Les façades et les toitures du logis et des deux bâtiments annexes, la grille en fer forgé du XVIIIe siècle et ses piliers sont classés Monuments Historiques[44].

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Le parc[]

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Jardins à la française devant le donjon.

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Jardin à la française.

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La grande perspective (2016).

Les allées du parc, redessinées à l’anglaise conduisent les pas des visiteurs à travers cinquante hectares de paysages variés, aménagés pour la promenade de la cour d’Espagne en exil à Valençay. Pas que des jardins à la française...

Ce vaste espace verdoyant invite à la promenade, à la découverte et aux loisirs pour petits et grands. Les végétaux et les animaux ont toujours eu une grande place dans le domaine de Valençay. De nos jours, le choix de la biodiversité et de la protection des espèces oriente une gestion respectueuse de l’environnement.

Renouvelés à chaque saison, les parterres de fleurs des jardins sont conçus pour donner au château un écrin chromatique digne de sa valeur architecturale. Riche de vingt-cinq espèces d’arbres, la forêt est soigneusement entretenue et joue une carte pédagogique avec des panneaux qui renseignent sur leurs différentes origines, biologies et utilisations. Son exploration peut s’envisager à pied ou à l’aide d’une voiturette électrique sur un parcours de 4km[45].

En 2015, un nouveau jardin éphémère a vu le jour sur le parterre de l’aile ouest. La grande perspective, créé en 2016, ce jardin est imaginé par Noémie Malet, paysagiste DPLG. Inspiré d’une gravure de 1705, premier document iconographique représentant le parc, ce projet est un pont tendu entre l’histoire du lieu et la création contemporaine[46].

Le parc aux daims existe déjà au temps de Talleyrand. Ces beaux cervidés, en robe rousse tachetée de blanc l’été et brune en hiver, ravissent toujours petits et grands[47].

A proximité, des espaces sont consacrés aux jeux des enfants et de vastes étendues d’herbe accueillent les amateurs de pique-nique et de repos.

Enfin, pour les enfants, découvrez le grand labyrinthe de Napoléon, plus grand labyrinthe-jeux de France, le jeu des senteurs dans le Jardin d’Antonin ou encore la mini-ferme.

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« La Victoire de Samothrace » quitte le Louvre pour Valençay, où elle reste à l’abri cinq ans dans les communs du château.


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NOTES ET REFERENCES[]

  1. Revue du Centre : littérature, histoire, archéologie, sciences, statistique et beaux-arts. Académie du Centre. (Châteauroux). Gaume et Cie (Paris) : 1884-08-15.
  2. LE CHÂTEAU DE VALENÇAY
  3. Revue du Centre : littérature, histoire, archéologie, sciences, statistique et beaux-arts. Académie du Centre. (Châteauroux). Gaume et Cie (Paris) : 1884-08-15.
  4. Revue du Centre : littérature, histoire, archéologie, sciences, statistique et beaux-arts. Académie du Centre. (Châteauroux). Gaume et Cie (Paris) : 1884-08-15.
  5. Histoire de Châtellerault, Alfred Hérault · 1927.
  6. Pages d'histoire sur Valençay et sa région - Page 23. R. P. Raoul · 1968.
  7. Revue du Centre : littérature, histoire, archéologie, sciences, statistique et beaux-arts. Académie du Centre. (Châteauroux). Gaume et Cie (Paris) : 1884-08-15.
  8. Revue du Centre : littérature, histoire, archéologie, sciences, statistique et beaux-arts. Académie du Centre. (Châteauroux). Gaume et Cie (Paris) : 1884-08-15.
  9. Revue du Centre : littérature, histoire, archéologie, sciences, statistique et beaux-arts. Académie du Centre. (Châteauroux). Gaume et Cie (Paris) : 1884-08-15.
  10. LE CHÂTEAU DE VALENÇAY
  11. Revue du Centre : littérature, histoire, archéologie, sciences, statistique et beaux-arts. Académie du Centre. (Châteauroux). Gaume et Cie (Paris) : 1884-08-15.
  12. Revue du Centre : littérature, histoire, archéologie, sciences, statistique et beaux-arts. Académie du Centre. (Châteauroux). Gaume et Cie (Paris) : 1884-08-15.
  13. Les Estampes, seigneurs de Valençay XVe-XVIIIe siècles
  14. LES BÂTISSEURS DE VALENÇAY À LA RENAISSANCE
  15. Revue du Centre : littérature, histoire, archéologie, sciences, statistique et beaux-arts. Académie du Centre. (Châteauroux). Gaume et Cie (Paris) : 1884-08-15.
  16. Le grand dictionnaire historique, ou Le mélange curieux de l'histoire sacrée et profane. Tome 1, Partie 2 / ... Troisième édition, corrigée, & divisée en deux tomes (4 parties). Par Mre Moreri Louis (1643-1680).
  17. Les Estampes, seigneurs de Valençay XVe-XVIIIe siècles
  18. Revue du Centre : littérature, histoire, archéologie, sciences, statistique et beaux-arts. Académie du Centre. (Châteauroux). Gaume et Cie (Paris) : 1884-08-15.
  19. Les Estampes, seigneurs de Valençay XVe-XVIIIe siècles
  20. LES BÂTISSEURS DE VALENÇAY À LA RENAISSANCE
  21. Revue du Centre : littérature, histoire, archéologie, sciences, statistique et beaux-arts. Académie du Centre. (Châteauroux). Gaume et Cie (Paris) : 1884-08-15.
  22. Revue du Centre : littérature, histoire, archéologie, sciences, statistique et beaux-arts. Académie du Centre. (Châteauroux). Gaume et Cie (Paris) : 1884-08-15.
  23. LES BÂTISSEURS DE VALENÇAY À LA RENAISSANCE
  24. cité par la duchesse de Dino à Valençay, le 5 octobre 1836, dans Chronique de 1831 à 1862 - Plon, 1909, pp.99 et 100.
  25. Les Estampes, seigneurs de Valençay XVe-XVIIIe siècles
  26. Les Estampes, seigneurs de Valençay XVe-XVIIIe siècles
  27. LE CHÂTEAU DE VALENÇAY
  28. Jean Tulard, , vol. I-Z, Paris, Fayard, 1999 (ISBN 2-213-60485-1), « Legendre de Luçay (Jean-Baptiste-Charles) »
  29. [document_communique_fr_talleyrand.en.son.ch.teau.de.valencay.pdf Talleyrand en son château de Valençay]
  30. A la table du château de Valençay, Anne Gérardot · 2020.
  31. Breve Historia de los Borbones Españoles : Granados Loureda, Juan Antonio : ‎Ediciones Nowtilus; N.º 1 edición (1 enero 2010)
  32. Georges Lacour-Gayet (préf. François Furet), Talleyrand, Payot, 1990 (1re éd. 1930) ISBN 2228882968.
  33. André Castelot, Napoléon, Librairie académique Perrin, 1968.
  34. La plaga de los Borbones, Vision Libros, Martín Escribano, Ignacio. ISBN: 978-84-9008-461-8. EAN: 9788490084618.
  35. [document_communique_fr_talleyrand.en.son.ch.teau.de.valencay.pdf Talleyrand en son château de Valençay]
  36. cité par H. Grandsart dans Valençay, hors-série de "Connaissance des Arts", 2003, pp 24 et 25
  37. La vénerie à Valençay
  38. La vénerie à Valençay
  39. Manon Beulay Chefs d'oeuvres du Louvre à Valençay
  40. Manon Beulay, Chefs d'oeuvres du Louvre à Valençay
  41. José-Luis de Vilallonga, Gold Gotha, p. 309, p. 311-312, Paris, Seuil, coll. « Le Livre de poche », 1972.
  42. Pavillon de la Garenne
  43. Pavillon de la Garenne
  44. Pavillon de la Garenne
  45. DANS LE PARC DE 53 HECTARES, DES JARDINS ET UNE FORÊT
  46. DANS LE PARC DE 53 HECTARES, DES JARDINS ET UNE FORÊT
  47. DANS LE PARC DE 53 HECTARES, DES JARDINS ET UNE FORÊT
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